Palombe&tradition N°78
Numéro de Printemps
2023
SOMMAIRE
4 HOMMAGE - Pierre Verdet nous a quittés
10 L’écho des Cabanes…
16 HIVERNAGE - Moins d’oiseaux dans le Sud-Ouest
20 ETUDE - Nos Chasses traditionnelles disséquées par des anthropologues
22 CHASSES TRADITIONNELLES - La palombe attaquée par la Commission européenne
24 SOS PALOMBIERES - Des paloumayres au grand cœur
29 Palomb’ en BD
30 RESEAUX SOCIAUX - Mr Lescourège, l’homme aux multi-bérets
34 HISTOIRE - Avec ou sans glands ?
36 PORTRAIT - Christophe DURAND, la passion assouvie
38 SOCIETE - Le développement durable et la chasse
40 AUPRES DE NOS ARBRES - De la tête aux pieds, je grimpe en sécurité
44 AUTOUR D'ELLES... - Améliorer son espace végétal
48 ANECDOTE - Mais où est ma palombière ?
50 CHIENS - Faire porter sa chienne: une vraie réflexion s’impose !
52 « LA Tête DANS LE CIEL... » - J’ai déjà goûté à la rouquetière !
55 TRIBUNE LIBRE - Pas de place pour la bêtise et la haine
56 ITALIE - Comme l’écrivait HERACLITE: «PANTA RHEI»
58 LES RECETTES DU PALOUMAYRE
Edito
Pierre Verdet s’est envolé...
- Tu ne vas pas mettre ma tronche en première page !
- Si pourquoi ?
- Joël, faut être sérieux, tu ne crois vraiment pas qu’avec ma bouille dessus, le canard va mieux se vendre ?
- Je ne sais pas, mais tu seras là, en bonne place.
- Tu fais ce que tu veux... Et ton édito est un peu long. Tu sais, ce n’est ni un article, ni un résumé de ce que le lecteur va trouver dans le canard. Pour cela, il y a le sommaire. Non, tu choisis un sujet fort de l’actualité palombe, qui te tient à cœur et tu donnes ton sentiment.
- C’est ce que j’ai essayé de faire.
- D’accord, mais tu n’as pas beaucoup parlé de palombe... tu n’as pas abordé l’hivernage ou la nouvelle attaque de la commission européenne... Quand est-ce que tu m’envoies le mag fini pour une dernière relecture ?
- Je récupère les corrections papiers chez Brigitte mercredi matin et tu l’auras en suivant.
- Super, de toute façon je ne bouge pas… Au revoir Joël »
Voici sûrement la conversation que j’aurais eue avec lui, le jour où je lui aurais présenté la maquette de ce numéro.
Pierre,
Je suis tellement heureux et fier d’avoir croisé ta route. Tu m’as apporté tant de choses aussi bien humainement que professionnellement. Tu as toujours été là pour m’épauler, sans compter ton temps, pour reprendre mes éditos quand j’allais trop loin dans mes propos.
Quand ma femme comprenait que j’étais avec toi au téléphone, elle me disait toujours : « Ah ! Saint Pierre ! A plus tard ! » Elle savait très bien que, quand nous étions en ligne tous les deux, cela pouvait durer très longtemps, tant nos conversations pouvaient s’engager sur des sujets multiples et variés, allant des aberrations cynégétiques ou écologiques à l’état de santé de nos pieds de tomates respectifs, le tout agrémenté de tes anecdotes corses !
Ces prochains numéros sans toi vont être vides et orphelins, mais l’équipe de Palombe & Tradition va s’appliquer à la tâche. Les sujets abordés seront toujours empreints de passion et de rêves bleus, comme au début de cette aventure, il y a 20 ans. Ce jour-là, un oiseau appelé Palombe a créé une famille autour de lui, pour ne parler que de lui. Promis… je ferai de mon mieux pour appliquer tout ce que tu m’as appris. A ce jour, je vais être obligé de m’auto-modérer et tu sais combien c’est compliqué pour moi.
Tu es un grand homme, humble, simple, intègre, intelligent, proche des hommes et de la nature.
Ces palombes, tu as cherché toute ta vie à les attirer, envole-toi maintenant avec ces belles bleues que ton épouse Françoise a vu tournoyer devant la fenêtre de ta chambre. Pour elles, tu as tant écrit en cherchant à percer leur mystère. Bonne migration Pierre, il est sûr qu’elles t’attendront pour t’accompagner.
Salue Philippe Ducos, Charlie Couralet et Pierre Garroté. Que d’histoires à vous raconter !
A toi, mon ami…tu vas nous manquer terriblement.
Joël Barberin, Directeur de la publication
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- Hivernage -
Moins d’oiseaux dans le Sud-Ouest
Avec un peu plus de 632 000 oiseaux en décembre et près de 480 000 en janvier, les données sur l’hivernage sont les plus faibles enregistrées ces dernières années.
"Il faut remonter aux hivers 2006-2007 ou bien 2011-2012 pour avoir des données similaires », constate Valérie Cohou, directrice du Groupe d’investigation sur la faune sauvage (GIFS). « Nous avions recensé 650 000 palombes en décembre 2006 et 482 000 en janvier 2007 ; 355 000 en décembre 2011 et 310 000 en janvier 2012. Les effectifs évoluent donc au fil des ans et sont fortement liés à la ressource alimentaire présente durant cette période ».
L’hivernage a donc été marqué par une répartition très diffuse des oiseaux. Cela en raison d’un manque de résidus de maïs dans les champs et d’une faible glandée qui ont fait bouger les palombes tout au long de l’hiver. « Cette saison a été marquée par un ramassage précoce du maïs laissant peu de nourriture et de résidus de récolte aux oiseaux ainsi que par une présence de glands très variable d’une zone géographique à une autre », poursuit Valérie Cohou qui note « un nombre d’oiseaux exceptionnel entre fin décembre et début janvier dans les zones forestières de la Creuse où il y avait une présence abondantes de [...]
© Photo Ch. Coularis
- Chasses traditionnelles -
La palombe attaquée par la Commission européenne
© Photo J-M. Desplos
Fin janvier, la Commission européenne a adressé à l’État français un avis motivé. Cette fois, la palombe est en ligne de mire
Il fallait s’y attendre. Le 26 janvier 2023 une nouvelle attaque a été menée par la Commission européenne en direction des chasses traditionnelles. Après l’alouette, la palombe est cette fois clairement visée. « Cela ne va pas dans le bon sens mais rien n’est encore fait », maugrée Régis Hargues, directeur de la fédération départementale des chasseurs des Landes (FDC40).
Dans son courrier, la Commission demande à la France de mettre un terme aux méthodes de chasse interdites par la directive Oiseaux (directive 2009/147/CE) et préconise des méthodes alternatives aux filets et cages « pour sécuriser les alouettes et les pigeons pour la consommation alimentaire », leur préférant la chasse au fusil et l’élevage à la ferme !
« La Commission estime qu’il vaut mieux tuer des oiseaux à l’aide d’une arme à feu plutôt que d’utiliser des pratiques ancestrales de chasse transmises de générations en générations, qui ne concernent qu’un petit quota de prélèvements », fustige la Fédération nationale des chasseurs (FNC) dénonçant « un militantisme qui n’a pas lieu d’être au sein de la Commission européenne [...]
- SOS palombières -
Des paloumayres au grand coeur
La solidarité n’est pas un vain mot dans notre monde de la chasse et nous ne pouvons que nous en féliciter. Après les terribles incendies survenus dans le sud Gironde, de nombreux paloumayres ont vu impuissants leurs installations partir en fumées. Un groupe facebook a alors été créé pour leur venir en aide
En juillet 2022, le groupe facebook « SOS Palombières » est né. Son but initial était de tenter de venir en aide aux malheureux paloumayres girondins.
En l’espace de deux mois, des centaines de propositions ont fleuri sur la toile.
Beaucoup de chasseurs étaient prêts à donner du matériel, du mobilier ou des appeaux.
Beaucoup se sont portés volontaires pour donner de leur temps, pour reconstruire de nouveaux postes et l’on ne comptait plus le nombre d’invitations lancées pour recevoir les paloumayres sinistrés.
« Que cette générosité est belle, qu’elle fait plaisir à voir, qu’elle fait plaisir à vivre » répétait régulièrement Jérémy le gersois de l’équipe des cofondateurs du groupe. Toutefois, l’enthousiasme des débuts fut vite mis à rude épreuve.
Très rapidement, les créateurs du groupe se sont aperçus que peu de chasseurs sinistrés se manifestaient pour demander de l’aide. Et pourtant [...]
© Photo M. Goulinat
- Réseaux sociaux -
Mr Lescourège l’homme aux multi-bérets
Mais qui est monsieur Lescourège ?
Si vous vous posez cette question, c’est que vous n’êtes pas adepte de réseaux sociaux.
Pépé Lescourège est né en 1933 dans la ferme familiale entre Lucmau et Captieux, enfin il croit, il a perdu son acte de naissance. «Je suis né à l’ancienne… ma pauvre mère (Dieu garde son âme) m’a mis au monde debout sur le foin de la bergerie, toute seule, mon père était parti au cercle du village chercher le cubi de pelures d’oignons ainsi que le toubib… il a oublié un truc ce jour-là…(sic)…» j’ai grandi au milieu des pins, de la nature… je partais chasser avec mon père… quand il avait fini son frontignan… ça l’aidait à viser droit qui disait. Pendant la guerre de 39, je jouais en lançant des pignes comme grenade sur des boches imaginaires et mon père me talochait car je faisais fuir le gibier… comme j’étais pas très bon à l’école j’ai vite travaillé… j’ai commencé comme purineur à 11 ans, c’est là que je croisais la Jeanine dans la ferme voisine.»
«A 18 ans, j’ai été mobilisé pour la guerre d’Indochine, jusqu’en 54. C’est à mon retour que la Jeanine et moi on a commencé à fricoter… faut dire que j’avais belle gueule avec l’uniforme ! À peine revenu d’Indo, suis été chosé pour celle d’Algérie…jusqu’en 60.
J’ai été blessé au front, un éclat d’obus dans le fessu, la guerre c’était fini pour moi. Alors avec la Jeanine on a décidé de convoler. Faut dire qu’on a été un peu obligé car à force de l’honorer en cachette dans la grange à paille, elle commençait à enfler du ventru. Hop, donc passage devant Mr le curé du village… Monsieur Tréci qu’y s’appelait le bougre ! »
« À la naissance des gosses, il fallait bien arriver à nourrir tout ce beau monde. La Jeanine faisait la ferme et vendait au marché et moi j’ai postulé pour devenir [...]