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Palombe&tradition N°79

Numéro d'Eté

2023

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SOMMAIRE

    4    L’ECHO DES CABANES… 
    10    FEDERATIONS - Pas de chasse traditionnelles, pas de battues
   14    Palombus Commix
   16    SOCIÉTÉ - Des attaques insupportables et injustifiées
   18    MUNITIONS - Utilisation de la grenaille en zone humide
   22    TECHNIQUE - Le filet cage
   27    ESPRIT DU SUD 33 - Défendre et valoriser nos cultures locales
   28    ASSOCIATION - Paloume : La sauvegarde de la faune sauvage
   32    Calendrier des fêtes de la palombe
   34    HISTOIRE - Coups de filets… de quoi rêver!
   36    PAROLES DE PALOUMAYRES - Daniel MERCIER et sa bonne bande de copains
   38    AGRICULTURE - Le MULCHING aurait-il une influence néfaste sur la faune?
   40    AUPRES DE NOS ARBRES - La forêt en sursis?
   43    PALOUMAYRE D'ANTAN - Mémoire. A ne pas oublier.
   44    AUTOUR D'ELLES... - Moi, le bois de chauffage
   48    ANECDOTE - Mais où est ma palombière ? + suite
   50    CHIENS - Quelques chiens à découvrir ou redécouvrir
   52    « LA TÊTE DANS LE CIEL... » - A la recherche d’un graal...
   55    ITALIE - Le rat des villes et le rat des champs, le choc des cultures
   58    LES RECETTES DU PALOUMAYRE

Edito

Comme l’impression d’une mauvaise ritournelle

                   lors que Palombe & Tradition ne devrait publier que des articles qui parlent du bonheur que nous procure

                   notre passion et de l’amour que nous avons pour cet oiseau bleu, depuis des mois, des années, depuis bien

                     trop longtemps, j’ai l’impression que nous passons notre temps à énoncer les attaques multiples et variées que subissent le monde de la chasse et les chasses traditionnelles en particulier. 
Après la chasse à la glu, à la matole, à l’alouette aux pantes, maintenant, on s’attaque à nos filets, horizontaux ou pyrénéens. Cela peut-t-il s’arrêter un jour ?
Cette épée de Damoclès, au-dessus de nos têtes, pèse de plus en plus sur le moral des paloumayres des départements concernés. Tous se demandent si la saison précédente n’était pas la dernière ? A ce jour, personne ne connaît la réponse. L’état Français qui, au 26 janvier avait 2 mois pour répondre à l’appel de la commission européenne, n’a toujours rien annoncé. 
Faisons référence à notre Jean, illustre poète du XVIIème siècle, maître des fables par lesquelles il avait déjà un regard lucide sur la nature humaine. Il suffit d’adapter le récit à notre actualité.  
Le rat des villes a décidé qu’il savait mieux que personne, et surtout mieux que le rat des champs, ce qui est bon ou néfaste pour la nature et les animaux qui la composent.
Le rat des villes décide, sur la base de préjugés fondés sur la méconnaissance de l’ensemble de nos pratiques ancestrales, jugées en désaccord avec une directive qui est sensée standardiser la gestion cynégétique européenne.  

Mais la nature, elle, n’est pas uniforme, elle est différente d’un pays à l’autre, d’une région, d’un département et même d’une ville à l’autre. Pourquoi les pratiques de chasse ne pourraient-elles pas l’être aussi ? Pourquoi vouloir effacer à coup de textes et de lois, un patrimoine culturel qui fait la richesse d’un pays ? Il semblerait que le pouvoir décisionnaire n’appartienne qu’à une certaine partie de la population qui semble ignorer ces valeurs essentielles. 
L’uniformisation pousse à l’individualisme. La différence fait alors office de verrue qu’il faut absolument traiter pour la faire disparaître. Surtout rien ne doit dépasser. 
Le rat des champs n’a pas attendu le rat des villes pour gérer la nature et s’occuper d’elle en bon père de famille. Les chasseurs ne comptent pas leurs heures de bénévolat pour secourir un animal sauvage, planter des haies, tronçonner un arbre tombé qui gêne la circulation ou entretenir les chemins utilisés par les marcheurs, vététistes ou cavaliers. Qui le ferait si ce n’était pas eux ? Le rat des villes ?
Comme l’écrit Rinaldo Bucchi (car ce problème ne s’arrête pas aux frontières de notre pays), le rat des villes se trouve de plus en plus à l’étroit dans les mégalopoles. Cette concentration le rend aigri et il cherche de nouveaux horizons pour trouver un peu de quiétude. Il vient alors à la campagne, qu’il voudrait modeler à l’image qu’il s’en fait, sans odeur, sans bruit, sans coup de feu, mais aussi sans sanglier ou taupe qui labourent sa pelouse.

Le chasseur n’est pas parfait, loin de moi cette idée. Parmi nous, il y a des brebis galeuses comme dans tous les domaines, mais malheureusement, c’est ce que retient souvent le grand public non initié. 
Pendant longtemps, j’ai pensé que pour vivre heureux, il fallait vivre caché. C’est une erreur, il faut expliquer, partager, éduquer, montrer que notre pratique ne va pas à l’encontre de la nature, mais qu’elle en fait totalement partie. Les hommes des bois que nous sommes, la connaissent, la respectent, l’aiment et sont comme un maillage d’innombrables sentinelles qui peuvent agir ou prévenir quand elle est attaquée ou en danger.

Des associations qui défendent notre passion existent dans tous les départements, elles sont trop souvent oubliées par les paloumayres. Montrez votre attachement à ce mode de chasse et cet amour que vous avez pour la palombe, contactez-les, aidez-les, soutenez-les dans leurs actions.
J’ai trop peur de me réveiller un matin en me disant qu’on n’a pas tout fait pour préserver ce pan de notre patrimoine si cher à nos cœurs. Croyez-moi, nos détracteurs ne s’arrêteront pas. Demain, ils s’attaqueront sûrement à l’usage des appelants, sous couvert du bien-être animal. Les paloumayres ne seront hélas pas les seuls à être concernés…

[A la veille de l’envoi de ce numéro chez l’imprimeur, j’apprends avec tristesse et colère la décision du Conseil d’État, qui ordonne d’abroger définitivement les chasses à la glu et aux tenderies. Je voulais vous en faire part.
Voilà comment une pratique millénaire est balayée d’un claquement de doigt. Les chasses traditionnelles aux pantes et aux matoles utilisées pour les alouettes seront les prochaines sur la liste et ensuite, il y a fort à penser que notre tour viendra... Comment rester optimiste face à de telles mesures basées sur une certaine forme d’ignorance et une totale incompréhension de pratiques locales ?]

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​

Joël Barberin, Directeur de la publication

A

- Technique -
« Le filet cage »

Tous les paloumayres qui chassent au filet dans le Sud-Ouest connaissent les filets à fermeture traditionnelle avec des ressorts, que ce soit horizontal (à deux pantes) ou vertical (en forme de tente), mais peu d’entre eux ont utilisé ou vu fonctionner un filet à cage. Jean-Jacques Goulinat en a un mis au point et a depuis équipé tous ses sols.

Lorsqu’on arrive chez Jean-Jacques, on voit très vite qu’on est chez un passionné des bleues, un véritable paloumayre.
Dès le portail franchi, on distingue sa maison à droite, et sur la gauche, on voit des tunnels de brandes et de fougères qui serpentent dans la forêt. 
Nous sommes ici à Losse dans le Nord-Est des Landes, 269 habitants au dernier recensement pour une superficie de 107,5  km2. Une densité de population (2,5 habitants au km2) à peine supérieure à celle du territoire mongol. 
A peine garé, on aperçoit le maître des lieux, un béret bien vissé sur la tête. Le visage souriant, il nous accueille et nous amène directement à sa palombière.
Si la ville de Losse est plongée dans le massif forestier de pins, ici, c’est une zone de chênes qui englobe le petit paradis de Jean-Jacques. Nous sommes ici pour voir sa dernière trouvaille : « Le filet cage ».

Mais avant de nous le dévoiler, nous décidons d’en étudier sa genèse . 
Bien installé à la table centrale du poste de guet, Jean-Jacques Goulinat nous explique le pourquoi de cette réalisation : « Je chasse ici depuis de nombreuses années et je sais où sont les endroits les plus appropriés pour installer des filets. Ce sont tous des endroits situés sous de beaux chênes. 
Par contre, quand on a une année « à glands », nous avons un gros problème. Il y en a tellement qu’ils tombent au sol par grappes de 4 ou 5, se transformant alors en véritables hameçons pour les filets. 
Régulièrement, j’étais obligé de les pétacer (expression locale pour « réparer ») et j’en avais marre, j’ai donc cherché un moyen de fabriquer un système de filets sans que ces derniers ne traînent sur les sols. 
C’est ainsi qu’a germé l’idée  [...]

©  Photo J. Barberin
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©  Photo J. Barberin
©  Photo J. Barberin

 - Fédérations -
« S’il n’y a pas de chasses traditionnelles, 
il n’y aura pas de battues »

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©  Photo J-M. Desplos

Les Fédérations de chasseurs de six départements du Sud-Ouest ont créé une association de défense des chasses traditionnelles. La menace pèse sur l’organisation de régulation du grand gibier

Les Fédérations de Gironde, Dordogne, Lot-et-Garonne, des Landes, Pyrénées-Atlantiques et du Gers avancent à l’unisson pour défendre la pratique des chasses traditionnelles, notamment celle de la palombe. 
Face aux attaques répétées d’associations antispécistes, toutes ont voté à l’unanimité une motion lors des assemblées générales des FDC qui se sont tenues au printemps. 

« Aujourd’hui, on veut se défendre, on ne veut pas que l’on nous enlève nos chasses traditionnelles, a tonné à la tribune Michel Amblard, président de la FDC de la Dordogne qui compte quelque deux mille installations. Cela représente peu d’oiseaux et si on commence à se laisser mordre un peu, on va se faire bouffer ». 

Sur le même ton, Henri Sabarot, président de la FDC de la Gironde, a mobilisé ses troupes pour (re)partir au front lors de l’assemblée générale à Yvrac. « Nous sommes dans l’œil du cyclone européen. Bruxelles a donc la mainmise sur de nombreuses décisions qui impactent les pratiques de la chasse. C’est un constat, et ce n’est pas être anti-européen que de l’affirmer ! », a-t’il lancé devant plus de 700 responsables d’associations et de sociétés de chasse mais aussi de nombreux élus de tous bords. 
« La morale verte est à l’œuvre et n’a que faire des petits bonheurs de nos campagnes lorsque, en bas de la palombière, quand des millions d’oiseaux passent dans le ciel, le retraité, son petit-fils et un copain guettent pendant des heures la pose fortuite de cinq palombes qui feront le régal des papilles lors d’un Salmis partagé en famille… », a tonné le président girondin avant de mettre en garde :  « les filets se referment les amis ! mais pas sur les palombes ni les alouettes ! Sur nos traditions !!! Mais nous ne laisserons pas faire la déconstruction de cet art de vivre ! Forts de nos 60 000 porteurs du permis  [...]

About

- Munitions -
Un premier point sur l’application de la loi :
Utilisation de la grenaille en zones humides

Nous vous avions parlé dans un précédent numéro de Palombe&Tradition de l’arrivée d’une nouvelle loi concernant l’utilisation des cartouches à grenaille dans un rayon de 100 m autour de toute zone humide. Pour clarifier le débat, les projectiles dont sont chargées les cartouches s’appelleront grenaille, l’appellation plomb étant uniquement réservée au métal.

Cette nouvelle loi est passée un peu sous silence mais est mise en application depuis le 17 février 2023. Dans sa première mouture, elle stipule clairement que l’usage de toute cartouche chargée de grenaille à base de plomb est interdite dans un rayon de 100 m autour de toute zone classée humide. Que dans cette zone des 100 m, non seulement on ne peut pas utiliser de la grenaille en plomb, mais le chasseur ne doit pas posséder sur lui, dans la cartouchière, le gilet de chasse ou les poches, de telles munitions.
On voit déjà la complexité d’une telle loi et les cas de figure pas très clairs que pourront rencontrer les chasseurs sur le terrain lors d’un contrôle. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le service départemental de l’OFB (office français de la biodiversité, ex ONCFS) des Landes. Pour l’instant, ils sont eux aussi plongés dans certaines incertitudes, qu’ils espèrent voir clarifier très rapidement par l’arrivée de directives internes pour l’application sur le terrain. Ils nous ont assuré que dans un premier temps, ils se contenteront de faire de l’information. La première chose absolument indispensable pour faire appliquer cette loi est la parution d’une cartographie précise des zones classées humides du département. Bien sûr, il est évident que tout ruisseau, étang et autre plan d’eau sera classé zone humide. Mais par exemple, où commence et où s’arrête l’appellation mare ?
Nous avons abordé, tout de même, certains points qui ne seront pas remis en cause et qui concerneront les paloumayres, mais aussi le chasseur que chacun d’entre nous redevient après sa sortie de palombière
  [...]

©  Photo M-Ch. Lapassère 
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- Agriculture -
Le MULCHING aurait-il
une influence néfaste sur la faune ?

Depuis plusieurs années, on impose aux agriculteurs de broyer, d’enfouir et d’installer de l’engrais vert sur les chaumes de maïs dès que la récolte est faite. Comme toujours, cela est présenté comme une action positive. Est-ce vraiment le cas? 

Ayant pour but d’installer un couvert végétal qui fixe les nitrates présents dans le sol et évite qu’il soit nu pendant une grande période de l’année, le mulching, suivant les cas, n’est pas toujours une obligation. Pour l’instant, la PAC (politique agricole commune) n’impose pas à tout le monde d’installer ces engrais verts. Si l’agriculteur fait une monoculture (maïs), il doit tout mulcher, s’il fait au moins trois cultures différentes sur sa propriété, il peut laisser une partie de ces parcelles en l’état. Tout cela pourrait changer en 2024 et se traduire par une obligation pour tout le monde de mulcher et d’installer de l’engrais vert partout.

 
Moins de cantonnement dans les zones mulchées
Sur ma commune landaise située au cœur du massif de pins maritimes, mais aussi au cœur de la maïsiculture, on a pu observer les changements liés à l’arrivée du mulching. Le premier, qui nous concerne le plus en tant que chasseurs de palombes a été la disparition progressive du cantonnement en migration et la fin de l’hivernage pour nos chères bleues. D’autant plus que dans notre secteur, on a vu arriver de nouvelles cultures qui ont remplacé presque totalement le maïs classique : maïs doux, haricots verts, petits pois, pommes de terre. Seul le maïs semence présente encore un intérêt lorsqu’il n’est pas enfoui le lendemain de la récolte [...]

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©  Photo Ch. Coularis
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