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Palombe&tradition N°15

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SOMMAIRE

L’ÉCHO DES CABANES
PORTRAIT - Rencontre avec Jérôme Auplat
LES OISEAUX DE NOS FORÊTS - la sitelle Torchepot
SÉCURITÉ - Les stages en palombière
PALOMBE ET RUGBY Thierry Cléda, l’homme de Picardie.
PASSION - Il a troqué son fusil contre la gouge…
TIR AU VOL - La liberté revendiquée !
Mon grand-père nous racontait …
Quelques éléments de réflexion sur la mortalité naturelle ou non des palombes en France…
COMPTE RENDU DU CONGRÈS 2007, la réponse sur le tir au vol des palombes…
SOCIÉTÉ - Une fidélité à toute épreuve
DOSSIER TECHNIQUE –
L’aménagement du poste de guet
DOSSIER - Accusé levez-vous
INTERVIEW - Une pression dangereuse
La tête dans le ciel…
ITALIE - C’est la fin du printemps …
LES RECETTES DU PALOUMAYRE

Edito

La convivialité tant mise en avant dans les palombières est-elle une légende ?

On parle souvent de la légendaire convivialité en palombière ! Mais jamais on ne parle des conflits. Pourtant ils existent bien, et plus souvent que l’on ne croit. Si je ne fais que le tour des palombières de mon entourage, je n’en trouve aucune où il n’y ait jamais eu de désaccords ou de rancœur. En fait, la palombière est une mini société et nous y retrouvons tous les ingrédients de la vie en communauté: jalousie, discorde, amitié… et même quelquefois l’amour. Je connais une chasse où le couple s’est formé à la palombière, cette année-là cela roucoulait de partout, malheureusement au passage suivant, la belle s’en est allée en suivant un « rouquet » de passage.

Mais la chasse à la palombe est aussi source de dispute, le paloumayre qui, en théorie, est le chef de la cabane supporte mal les initiatives de ses collègues, alors beaucoup préfèrent chasser seul, non parce qu’ils sont irascibles, au contraire, ils accueillent volontiers des invités dans leurs cabanes, mais peut-être sont-ils soumis à la maison, on n’en sait rien…  C’est ce qui se dit dans les cabanes. C’est ainsi que l’on assiste à l’essaimage des palombières. Deux collègues d’une même chasse décident d’en créer une nouvelle.

Les conflits éclatent généralement dès qu’il passe des palombes, jusque-là tout le monde est détendu, complice et plein d’espoir, mais dès que les premières palombes arrivent, les « cagades » sont toujours la faute de l’autre et cela crée une tension permanente qui s’envenime au moindre incident,  puis un jour c’est la rupture. Il y a une palombière près de la mienne où chaque saison, l’un ou l’autre des chasseurs quitte la palombière furieux disant que jamais plus il ne reviendra chasser avec ces c…, mais le lendemain, il est là à la première heure comme si de rien n’était. Cependant, peu de conflits dégénèrent, et les anciens coéquipiers, après avoir laissé passer la colère finissent par se réconcilier, les liens qui les avaient unis pendant quelques années passées à chasser ensemble se renouent. Et puis c’est si « jouissif » de faire croire à l’ancien coéquipier que depuis qu’il n’est plus là, grâce à telle ou telle modification, on prend des oiseaux, histoire de le « charrier » un peu pour lui donner des regrets.  Parfois la rancune est tenace, j’ai connu une palombière où l’un des équipier a monté sa nouvelle cabane deux ou trois arbres plus loin, ils pouvaient se voir d’un « gueyt » à l’autre. C’était au premier qui tire et bien sûr aucun des deux ne faisait de miracles. Un jour l’un d’eux a réussi une belle prise, une dizaine de magnifiques palombes, en fait on avait dû amener l’ex-équipier intraitable à l’hôpital pour quelques jours…

Aucun observateur non-initié ne peut imaginer ce qu’est la dure vie d’un paloumayre dans nos cabanes au mois d’octobre !

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Philippe Ducos, rédacteur en chef

Technique : L'aménagement du poste de guet

Je parle de poste de guet parce que tous nos lecteurs comprennent à la 1ère  lecture de quoi il s’agit, mais j’aurais pu vous dire aménagement : du garde, de la vueyte, du sémèredé, du dôme, voir de l’almanach…

Suivant les régions, ce centre vital de la palombière, ce PC ( Poste de Commandement ) d’où partent toutes les stratégies dignes des grands combats, a des dénominations parfois bizarres dont je ne saurais vous donner l’origine.

Garde : Peut se comprendre comme poste de garde, endroit d’où l’on surveille.
Vueyte : Vient sûrement de l’expression gascone « Vueyte Lou » ou « Gueyte Lou », qui signifie regarde-le, sous-entendu celui-là. D’ailleurs, certains prononcent gueyte au lieu de vueyte pour l’endroit où l’on regarde.
Sémèredé : Vient tout droit de l’occitan « Sémérer » qui signifie actionner les appelants, appelés « Sémets » surtout dans les Landes. Alors qu’ailleurs le Sémet est devenu plus restrictif, puisqu’il s’agit de la palombe de cabane. Donc le Sémèredé, endroit où l’on sémère.
Dôme :  Vient sûrement de la cage arrondie que l’on a au dessus de la tête pour se cacher. Sa forme et  sa position, faisant penser à un dôme d’église ou de monument.
L’almanach : Ici je dois avouer mon ignorance, il n’y a que dans le Sud Gironde, région de Captieux, que j’ai entendu s’appeler ainsi le poste de guet. D’ailleurs, si un de nos lecteurs connaît l’origine de cette appellation, il peut la communiquer à la revue, nous sommes très intéressés.

Pour ne vexer personne, nous parlerons donc ici de poste de guet, tout simplement.
La toute première des qualités, absolument indispensable : voir sans être vu. Il est vrai que les palombes ont un regard perçant, mais n’oublions pas que lorsqu’elles survolent la palombière, elles sont en mouvement et que donc elles sont moins attentives aux détails. Ne pas être vu est bien, mais ne pas voir ce que deviennent les palombes lorsqu’elles tournent autour de la palombière est très gênant, souvent catastrophique par des mouvements d’appelants trop insistants ou pas assez [...]

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Dossier :

Accusé levez-vous !

Ou les divers statuts de Columba Palumbus

De pigeon ramier à palombe en passant par pigeon ou ramier, Columba Palumbus n'est qu'une seule et même espèce. 

Histoire de continuer à brouiller les pistes, ce «délinquant» aux appellations multiples peut être : de passage, sédentaire, migrateur, gibier ou nuisible. 
Il serait particulièrement intéressant de voir un rédacteur d'arrêté préfectoral réglementant la 
chasse nous faire un exposé sur la différence entre un pigeon ramier de passage et un pigeon ramier migrateur… indépendamment d'un « passage de migrateurs».

Bref, suivant les lieux ( départements ) et les époques ( date d'ouverture et de fermeture de chasse), Columba Palumbus bénéficie d'attentions bien particulières et parfois même toutes particulières.
Un arrêté ministériel fixe les dates d'ouverture et de fermeture des espèces chassables et donc celle du pigeon ramier. 
Au-delà de la date de fermeture ( généralement fixée dans la première dizaine de février ), il n'est plus question de chasse. 
On peut toutefois continuer à prélever des palombes mais il s'agit alors d'un acte de destruction. Cette destruction ne peut se pratiquer que si cette espèce est déclarée nuisible. Cet état de « nuisible » en ce qui concerne notre oiseau est arrêté, déterminé et fixé par divers articles du Code Rural et du Code de l'Environnement. Les différents articles sont précédés de la lettre R pour Réglementaire ou L pour Législatif [...]

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Interview : Une pression dangereuse

Pour Hervé Lormée, spécialiste du pigeon ramier à l'ONCFS, le classement nuisible au mois de mars contribue à l'affaiblissement des populations transpyrénéennes déjà fragilisées.

Hervé Lormée est ingénieur à l'Office national de la chasse et de la faune sauvage. Spécialiste de l'avifaune migratrice et particulièrement du pigeon ramier, il travaille à la Direction des études et de la recherche à la station de Chizé, dans les Deux-Sèvres. Nous lui avons demandé quel impact avaient les tirs de destruction sur les populations de palombes.

Palombe&Tradition : Avant toute chose, trouvez-vous normal que l'on classe encore le pigeon ramier espèce nuisible dans certains départements?
 
Hervé Lormée : Il peut parfois y avoir de réels dégâts aux cultures mais ceux-ci sont très localisés. Dans la plupart des cas malheureusement, cet argument est totalement fallacieux et ne sert qu'à prolonger la période de tir, souvent d'ailleurs à des fins purement mercantiles comme tout le monde le sait.
 
P.&T. : L'espèce pigeon ramier se porte encore bien semble -t-il, mais peut-on ainsi prélever indéfiniment sans compter?

H. L. : Les populations se portent effectivement bien mais on ne peut pas ignorer que la palombe occupe désormais la première place des espèces de petit gibier chassées en France. Selon l'enquête sur les prélèvements réalisée en 1998-1999, on tue plus de 5 millions de palombes sur le territoire national en une saison, ce qui est tout de même considérable.

P.&T. : Est-il raisonnable d'ajouter à la pression de la chasse, des tirs de destruction?
 
H. L. : On pourrait considèrer qu'en Grande-Bretagne où les pigeons ramiers sont tirés toute l'année, les populations tiennent bien le coup. Mais ces populations britanniques sont exclusivement sédentaires, ce qui n'est pas le cas chez nous où plusieurs types d'oiseaux sont concernés.
 
P.&T. : Pouvez-vous préciser lesquels?
 
H. L. : Il y a les palombes grandes migratrices qui remontent de la péninsule ibérique au début du printemps pour aller se reproduire en Europe centrale ou du nord. Puis celles qui reviennent essentiellement du sud-ouest pour regagner des pays comme l'Allemagne et enfin les sédentaires qui colonisent de plus en plus le pays.

P.&T. : L'impact des tirs de destruction diffère en fonction de ces populations?

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