Palombe&tradition N°87
Numéro d'ETE
2025

SOMMAIRE
4 L’écho des Cabanes…
8 L’écho des assos…
10 Chasses Traditionnelles
-10- Les fédérations du Sud-Ouest reçues par la ministre de l’Environnement
-15- Le combat acharné d’Éric Sicard
-18- Une Lobbyiste au front pour la ruralité et la chasse
20 Dossier technique - L’importance de cibler son arme
28 Le Calendrier des fêtes de la Palombe 2025
30 Palombe&Rugby - Didier LACROIX, Ô TOULOUSE
32 Passion - Saison Blanche à Lissandre
35 Autour d’elles... - Le précieux soutien des jeunes
38 Anecdote - Les poulardes du Mardi Gras
40 Chiens - Hulk, un Gordon d’exception
46 «LA TETE DANS LE CIEL...» - Les palombes de Haute-Soule (Fin)
49 Italie - Une passion sans limites
52 LES RECETTES DU PALOUMAYRE
Edito
Fiction d’une transmission brisée

C
haque année, au mois d’octobre, nous allions en famille dans cette forêt de grands pins que l’on surnommait « Lou Quechat ». C’était comme un pèlerinage. J’étais tout petit, je ne comprenais pas pourquoi cette tradition s’était instaurée dans ma famille. Quand le temps le permettait, nous y faisions un pique-nique. Les conversations étaient intenses et animées. Pourtant, elles s’étouffaient naturellement quand un des convives apercevait une nuée d’oiseaux qui débouchait à l’horizon, face à nous. Les sifflements cadencés de ces innombrables ailes me ravissaient. Du haut de mes six ans, je restais bouche bée devant ce spectacle unique qui se clôturait par les fli, fli, fli, fli éparses des quelques retardataires voulant recoller au vol. Tous suivaient, admiratifs, le déplacement léger de ce paquebot volant. Le temps était suspendu... de légers soupirs nostalgiques finissaient par rompre le silence de la forêt...
Une fin d’après-midi, mon arrière-grand-père prit sa canne et d’un pas maladroit mais fébrile, avança doucement en direction de la coupe rase qui bordait le bois. Il se figea là, pensif, son regard tourné vers le ciel.
Je m’approchai de lui et lui prit la main. « Tu sais, mon petit bonhomme! Ici, dans les Landes, il y a bien longtemps, on chassait la palombe. Pas avec des fusils, non... Nous, on la prenait vivante au filet. »
Sa voix rauque s’égarait quelque peu, mêlée au vent qui jouait dans les pins, au-dessus de nos têtes. Un sourire triste aux lèvres, il fermait les yeux… « Ce n’était pas vraiment une chasse, tu comprends ? C’était une tradition, un art. On montait nos filets sous les chênes ou sous les pins. On passait des heures à fabriquer les tunnels, à préparer la cabane, à réfléchir à la position des appelants. Il fallait sentir le vent, connaître le comportement de ces oiseaux, être plus malin qu’eux. La palombe, c’est un oiseau si beau, si noble... Son vol bleu gris dans le ciel d’automne. »
Papi Jo soupira. De sa main ridée et tremblante, il caressa ma tête. « Et puis, un jour, des technocrates et des pseudo-écolos, ne connaissant la forêt que dans les livres, qui ne savaient rien de la patience d’un chasseur ni de la grâce d’une palombe, ont décidé d’interdire tout ça. Comme si on ne respectait pas la nature, nous qui vivions avec elle ! »
Une larme perla au coin de son œil azur. « Mon petit, j’ai mal au cœur… tu sais. J’aurais tant voulu te montrer, t’apprendre les secrets du paloumayre, te faire sentir cette émotion unique, au moment où les palombes se posent juste au- dessus de nos fougères... Quand, à force de patience, à renfort de « cantet » et de coups de « semec », elles se mettaient à danser au dessus de nos têtes dans un balai magique. Quelques-unes, moins méfiantes ou plus affamées, nous faisaient la courtoisie de descendre au sol. La main sur la tirasse, la poussée d’adrénaline était à son paroxysme... Et Raaaw... » Imitant ce geste sublime, d’un mouvement brusque, il ramena sa canne vers l’arrière. « C’est une partie de mon âme qui s’en est allée ce jour-là. Et ça, mon petit, c’est une richesse que je ne pourrai jamais te transmettre... »
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Cette fiction pourrait malheureusement, dans un avenir proche, devenir réelle.
Chasse à la glu, tenderie, pantes et matoles pour l’alouette, maintenant interdites. La chasse à la palombe au filet pourrait aussi apparaître sur cette liste morbide. Mais ne nous faisons pas d’illusion, ça ne s’arrêtera pas là. Comme pour nos amis les gluaux, la prochaine étape de nos détracteurs, leur prochain combat sera sûrement nos appelants. Et après... et après ?
Restons positifs : le combat n’est pas encore perdu. Nos fédérations sont sur le pied de guerre, ainsi que les associations qui défendent les chasses traditionnelles.
Mais ceux qui feront sûrement la différence, c’est nous, nous tous, les paloumayres et en particulier les filetayres en fournissant à nos fédérations respectives des chiffres précis et honnêtes de nos prises. Pourquoi ? Parce que les technocrates de Bruxelles ne connaissent que ce dialecte. Ils font abstraction de la connaissance de l’oiseau, de notre vénération pour lui. Sont-ils capables de ressentir nos émotions ? En réalité, ils s’en moquent. Seuls les chiffres peuvent infléchir leurs décisions.
Fournissons des chiffres. Sans les minimiser, (puisque cela reste en interne), en établissant un vrai dialogue entre nos fédérations et l’Europe. Pensons aussi aux quotas que l’on pourrait nous imposer… Dans notre intérêt, ne trichons pas, soyons sincères.
Unis dans ce combat, soyons ceux qui feront la différence.
Joël Barberin,
Directeur de la publication
- Chasses traditionnelles -
Le Sud-Ouest se bat pour la palombe
Face à la menace d'interdiction de la chasse traditionnelle de la palombe au filet par la Commission européenne, les fédérations de chasseurs du Sud-Ouest et leurs alliés politiques sont montés au créneau. Un combat complexe se dessine entre défense culturelle, impératifs juridiques et nécessité de transparence.
© Photo DR

Les fédérations de chasseurs des cinq départements du Sud-Ouest (Gironde, Gers, Landes, Lot-et-Garonne et Pyrénées-Atlantiques) ont rencontré la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher, le 7 mai. L'objectif : plaider la cause de la chasse traditionnelle de la palombe au filet, menacée d'interdiction par la Commission européenne depuis février 2025, qui estime que la France ne respecte pas la Directive Oiseaux en termes de sélectivité et d'alternatives.
Les représentants des chasseurs ont insisté sur la dimension historique et culturelle de cette pratique, et ont remis à la ministre un mémorandum juridique et technique pour contrecarrer les arguments de la Commission. Ils affirment que les chasses traditionnelles satisfont aux exigences de la directive européenne, notamment en matière de sélectivité et de faible impact sur la population de palombes, dont le statut de conservation est excellent. Bien que la ministre se soit engagée à transmettre le dossier à Bruxelles, l'incertitude plane sur la saison 2025, surtout après de récentes attaques juridiques contre l'arrêté du Gers par One Voice.
Des actions parallèles
D'autre part, des figures comme Éric Sicard (UNACOM) et Naoual Hamzaoui (Terragora) mènent des combats distincts mais convergents. Éric Sicard critique le manque d'unité et de transparence des fédérations, notamment sur la collecte des données, et poursuit des actions juridiques coûteuses pour défendre les chasses traditionnelles. Il pousse à une action unie et à l'obtention d'une définition claire des "captures massives" par la Cour de Justice Européenne. De son côté, Naoual Hamzaoui a déposé une plainte contre la Commission européenne pour "incohérence juridique" et demande l'accès aux documents du contentieux. Elle déplore elle aussi le manque de coordination et l'exclusion de certaines voix, prônant l'unité pour une défense plus efficace.
Malgré les divisions et les revers, comme l'interdiction définitive de la chasse à la glu, une "mobilisation inédite" et une "pression politique essentielle" se font sentir, avec une collaboration accrue entre ministère, parlementaires et fédérations. Cependant, la pérennité de ces pratiques ancestrales dépendra de la capacité des chasseurs à s'adapter aux exigences réglementaires, à collecter des données fiables et à présenter un front uni et transparent face aux institutions européennes et aux associations anti-chasse [...]
- Dossier Technique -
L’Importance de Cibler Son Arme
Avant de partir à la chasse, chaque chasseur se doit de connaître parfaitement son arme et ses munitions pour maximiser ses chances de succès. Cet article explore l’importance cruciale du ciblage de son arme, la compréhension des systèmes de visée, et le choix judicieux des munitions. Découvrez comment une bonne préparation et une connaissance approfondie de votre équipement peuvent transformer votre expérience de chasse, en vous assurant précision et confiance en toutes circonstances.
© Photo J. Barberin

Aucun chasseur ne devrait partir à la chasse sans avoir ciblé son arme. Combien de fois ai-je entendu autour de moi des chasseurs qui ne comprenaient pas pourquoi ils manquaient autant de gibiers. Que l’on chasse avec un fusil à canon lisse, que l’on tire du plomb ou des balles ou que l’on chasse le gros gibier à la carabine, on doit connaître son arme et les munitions que l’on utilise.
Connaître son arme et ses munitions
Le passage à la cible est absolument nécessaire pour trois raisons essentielles :
- Connaître son arme et en premier lieu son système de visée
- Connaître ses munitions : précision, groupement et pénétration pour le plomb
- Enfin, et ce n’est pas le moindre des paramètres, se connaître soi-même avec ses capacités de tireur.
Nous allons bien sûr nous intéresser en priorité aux armes et aux munitions utilisées par les paloumayres. Tous les fusils à canon lisse ont en général les mêmes systèmes de visée : un point de mire au bout du canon, un guidon qui est la légère entaille située sur le haut de la bascule. Les fusils modernes superposés, semi-automatiques, voire certains fusils à un coup, sont équipés d’une bande ventilée sur toute la longueur du [...]
- Italie -
Une passion sans limites
Pour l’amoureux de la chasse en palombière, la passion ne connaît pas de saison. Bien au-delà des périodes de migration, l’esprit reste engagé, oscillant entre les travaux préparatoires concrets et les rêveries d’améliorations futures. Un engagement annuel, depuis l’entretien du poste jusqu’aux fascinantes tentatives de croisements de pigeons, révélant une dévotion inébranlable à ce monde de la chasse à la palombe et à ses traditions.
Bien sûr… notre passion nous pousse à chasser mentalement et physiquement toute l’année. Il y a sans doute des périodes beaucoup plus longues au cours desquelles le fusil passe au second plan et d’autres aspects de notre mode de vie prennent le dessus. De façon saisonnière, je dirais, nous célébrons des moments variés, bien caractérisés par des détails qui nous voient engagés dans un travail et des projets qui marquent avec une régularité immuable le calendrier de notre passion sans limites.
Travaux et rêves de croisements
Le printemps, celui que nous venons de vivre, a coïncidé pour moi avec des travaux vraiment conséquents que nous avons effectués avec mon ami Silvano, à la fois pour tailler de manière radicale certains végétaux près de notre poste et pour faire l’entretien nécessaire sur le chemin d’accès à celui-ci. Que d’efforts ! Mais tout devait être fait.
Pendant cette période, j’aime également beaucoup tenter des croisements avec les pigeons que j’ai à disposition, et j’essaie d’améliorer à la fois l’apparence physique et de créer LE « phénomène » qui pourrait donner de pures émotions lors de la chasse en automne.

Sélection de pigeons : Consolidation des «Volantini»
Étant donné que j’utilise à la fois des « volantini » (pigeons volants) et des pigeons comme appelants, il convient de noter qu’en ce qui concerne les premiers partenaires, j’ai une lignée qui s’est consolidée au fil du temps et je n’ai pas l’intention de « leur couper le sang » en introduisant de nouveaux et incertains pigeons, tandis que pour la deuxième catégorie (appelants), je recherche toujours des sujets qui peuvent ressembler le plus possible aux [...]