Palombe&tradition N°33
SOMMAIRE
4 ECHO DES CABANES
6 DOSSIER
- Du retard et du recul
- Les paloumayres racontent leur migration...
18 PALOMBE.COM - Migration 2011
22 PALOMBE ET RUGBY - Quand le rugby s’invite à la palombière
24 REPORTAGE - Forum de Radio Palombe
26 TECHNIQUE - Chasse à l’affût: Mode d’emploi
29 Courrier du lecteur
30 La chasse à Larrau va-t-elle disparaître?
32 CALENDRIER 2012
34 GIFS - Balises Argos
36 BAGUAGE - Dans le Tarn, on suit la reproduction au nid
38 HISTOIRE - Les palombes, bienvenues chez les ch’tis!
41 ANCP
42 VRAI OU FAUX - Les Volières où les appelants vont passer l’inter-saison
46 TECHNIQUE - Piégez vos palombières!
50 La tête dans le ciel…
53 ITALIE - “Mon”octobre ou le journal d’un rêve"
56 LES RECETTES DU PALOUMAYRE
Edito
Ça pour une surprise c’est une surprise !
Tous les compteurs s’affolent, quand le 31 octobre 500 000 palombes débarquent le long des côtes du golfe de Gascogne pour passer les Pyrénées, alors que ce même jour, avec des conditions climatiques identiques, un vent identique, ce sont autant de belles bleu sinon plus, qui étaient stockées pour une partie dans le «triangle magique», qui se mettent à reculer sur un autre couloir de migration. Allant jusqu’à remonter au-dessus du plateau des milles vaches, endroit stratégique de passage des palombes dans le massif central. De quoi défrayer les chroniques. Alors que nous n’entendons parler en ce moment que de crise économique, c’est une remise en question de tous les principes de migration qui se prépare, une crise palombistique dirons-nous…
Avec un début de migration tardif, autour du 14 octobre, puis un phénomène récurrent de recul, qui a duré près de dix jours dans certains endroits. Cette migration atypique a fait des heureux mais aussi des malheureux, car elle s’est concentrée sur les axes principaux délaissant les axes annexes et délaissant de nombreuses cabanes qui pour certaines, ont vu plus de vols de recul que de vols au passage (axe Nord-Sud). Mais les années se suivent et ne se ressemblent pas, et nous devons prendre ce que la nature nous donne. Prenons pour exemple les cueilleurs de champignons, qui ont de bonnes et de mauvaises années, avec ou sans grosse pousse.
D’autre part de nombreuses informations sur la migration et sur le mode de fonctionnement de notre chère palombe nous sont apportées grâce aux balises Argos. Un signal d’une des balises a été émis au beau milieu du golfe de Gasconne à 23h ; à moins que notre joli palombe fut en train de prendre un bain de minuit. Cela montre bien que la palombe migre la nuit, de plus sur la mer, alors que beaucoup affirmaient le contraire. Nous pouvons aussi voir qu’il arrive que certaines migratrices ne migrent pas une année, restant sur le site d’hivernage, et reprennent la migration l’année suivante.
En revanche depuis deux ans de plus en plus d’oiseaux passent l’hiver en France, et essentiellement sur trois zones, car fournies en nourriture et principalement en maïsiculture. Zones qui sont le Sud-Ouest de la France et plus particulièrement sur les Landes et le Gers, le Centre de la France avec la Sologne et le Nord de la France. Ce qui montre que la France est en passe de devenir le premier pays hivernant de la palombe. Cela entraîne de nombreuses questions, notamment comment allons-nous gérer ces populations d’oiseaux?
Est-ce que ce phénomène est durable, ou bien cela peut-il varier comme les dates de migration?
Car rappelons que l’an dernier au 4 ou 5 Octobre un quart de la migration était déjà passé.
Cela entraîne de nombreuses hypothèses, comme le fait que toutes les palombes qui ont reculé, peuvent-être des palombes qui étaient arrivées tôt en hivernage dans le Centre et dans le nord de la France. Et, de par leur instinct grégaire, elles auraient suivi les grandes migratrices plus au sud. Arrivées dans le Sud-Ouest, ces palombes seraient alors remontées à leur site d’hivernage initial. Mais je vous laisse le soin de découvrir toutes ces réponses dans notre dossier…
Nous sommes simplement en train de nous rendre compte que, encore une fois, la palombe est seule maître de son destin, et que malgré internet, malgré le progrès, elle migre quand elle l’a décidé sans que l’on puisse forcément le prévoir et le maîtriser. Et c’est ce qui fait le charme de cette chasse.
Rappelons que la chasse est un loisir amateur et un plaisir, un art de vivre traditionnel qui se perpétue. Est-ce que le bonheur ne réside pas simplement, loin des factures, des chiffres, des polémiques et de l’argent, mais simplement au fond d’un bois, dans une cabane ou un «jouquet», a attendre cet oiseaux tant chéri, qui fait tourner tant de têtes, la palombe.
Je laisse le mot de la fin à un de nos lecteur qui nous a adressé un e-mail, et qui résume bien notre passion.
«Je reviens vers vous après quelques années d’absence mon métier m’a éloigné des palombes et de tout ce qui va avec. Tous les matin je fais mon pain pour servir les paloumayres qui vont en palombières, et j’ai le cœur gros de les voir partir. Mais peut être si cela veut le faire, je vais essayer de remettre le pieds à l’étrier. Pas dans ce beau département du 40, mais sur mes terres dans le 32 et plus modestement. Alors je rattrape déjà le retard en images par votre revue et merci de me permettre de sortir de mon fournil.
Sachez apprécier toutes et tous la chance qui vous unis, et toutes ces images qui vous animent le soir et pour toujours. Merci encore et bonne chance a tous ou que vous soyez ne vous éloignez jamais de ce qui nous unis cette magnifique passion. Pascal SOULES »
Adishatz
Pierre NIETO, directeur de la publication
Du retard et du recul
La migration 2011 s’est amorcée avec du retard par rapport aux saisons précédentes et a été marquée par un surprenant recul des oiseaux remontant du massif landais vers le centre du pays. Sur la chaîne pyrénéenne, il a fallu attendre longtemps aussi pour que les palombes se décident à passer en Espagne.
La fin de l’été avait été exceptionnellement chaude et sèche, le début de l’automne le fut tout autant. A la Saint-Michel, il faisait un temps pour aller à la plage, pas pour voir passer les premiers rouquets. On se demandait si un jour ou l’autre le mercure allait enfin descendre dans les thermomètres. Il faisait 30 ou 32 degrés et pour habiller les cabanes on ruisselait comme au temps des moissons. Exceptées quelques sédentaires circulant le matin à la fraîche et en fin d’après-midi, on ne voyait rigoureusement rien voler. Pas un pinson, pas une grive, pas le moindre petit vol d’éclaireuses pouvant laisser croire que les palombes existaient encore. Même un petit coup de frais sur la Scandinavie le 6 octobre ne déclencha aucun mouvement migratoire.
Il fallut attendre les 10 et 11 octobre pour qu’une amorce soit enfin signalée sur le littoral méditerranéen mais dans le sud-ouest [...]
La chasse à Larrau
va-t-elle disparaître?
Un petit brin d’histoire: voila 40 ans environ, LARRAU était le haut lieu de la chasse à la palombe. Les anciens, et même moins anciens, trouvaient dans ces vallées autour de LARRAU de quoi assouvir leur passion sur cette chasse. Ces lieux étaient même appelés «la Mecque de la palombe» ; ce n’est pas peu dire!
Au fil des années, devant tant d’oiseaux bleus qui passaient dans ce secteur, des postes ont été crées. Des cabanes avec appelants mais aussi des cols de tir au vol. Ces cabanes étaient occupées par des locaux et les cols par des chasseurs de l’extérieur, en grande partie de la région bordelaeise avec un pouvoir d’achat bien supérieur aux locaux. Et plus les années avançaient, plus il y avait de cabanes et surtout de tirs au vol. Au début, ces derniers étant situés sur les lignes de crête de la frontière espagnole, il n’y avait pas de problème au niveau du passage des palombes sur LARRAU.
Sauf que, petit a petit, de très nombreux cols de chasse sont descendus dans les vallées ; il y a maintenant une ligne de feu qui avance inexorablement [...]
Piégez vos palombières!
Un piégeage bien pensé permet de limiter à la fois le risque de perte de ses appelants et la prédation sur le petit gibier sédentaire. À pratiquer sans modération!
La fréquentation humaine intensive au bois, à laquelle s’ajoute la présence d’appelants vivants, souvent en nombre important, aguiche à la fois la curiosité et la gourmandise des petits carnassiers. Ce qui peut être mis à profit pour tordre le cou à quelques nuisibles aux dents un peu trop longues. Ainsi, les cabanes de chasse à la palombe doivent être équipées de pièges dès lors que l’on s’y rend chaque jour. Leur pose se fondant dans les autres préparatifs en devient moins suspecte, tout comme l’odeur laissée par le va-et-vient des chasseurs. [...]