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Palombe&tradition N°80

Numéro d'Automne

2023

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SOMMAIRE

    4    L’écho des Cabanes…
   12    Passage - Un train d’oiseaux bleus attendu
   16    Dossier Technique 
           -16 - Les différents systèmes de fermeture des filets
           -21- Depuis quand les paloumayres plument-t-ils les sols?
           -22- Le sol volière : Schéma de principe
   24    Technique - Le pigeon sur fil à rouleaux
   28    Va-et-vient - Des palombes funambules
   31    Les Prévisions de passage du Paloumayre 2023
   36    Technologie - L’IA et la chasse traditionnelle à la palombe
   42    Initiative - «Opération baguage»
   44    Auprès de nos arbres - Le loup dans la bergerie ?
   46    Paroles de paloumayres - Didier LAFFORET perpétue une tradition familiale
   48    Autour d’elles... - A l’orée de la saison nouvelle
   50    Anecdote - L’as de la gâchette
   52    Chiens - Le rapport au poste et sur les cols
   54    « La Tête dans le ciel... » - Je suis chez moi dans une forêt !
   57    Palomb’en bd
   58    LES RECETTES DU PALOUMAYRE

Edito

Des bleues plein la tête

J

                   ’ouvre la porte... l’air est doux, léger. La fraîche odeur matinale de cette petite brume emplit mon nez et s’empare de tout mon être. Ça sent bon... ça sent l’automne. Tout est calme. Seul le souffle d’un camion roulant sur cette interminable ligne droite visant au loin les Pyrénées, trouble le silence ambiant. 
La nuit a été courte et fragmentée tant l’excitation est à son paroxysme. Pas le temps de prendre un café, l’appel de la forêt est trop fort, de toute façon, il est forcément meilleur à la cabane aujourd’hui. 
Ma fidèle 406 avec ses 531223 kilomètres au compteur a un peu de mal à démarrer ce matin, ça fume un peu. On lui pardonnera... il y a bien longtemps qu’écologiquement, elle a amorti l’impact de sa fabrication.

J’emprunte à mon tour cette immense ligne droite qui se déroule jusqu’à la palombière. Pas de radio, je veux profiter pleinement de l’instant. Le monde des humains n’est pas réveillé, du moins pas ici. L’ordre désordonné qu’il « dégénère » ne m’effleurera pas, je vais m’y soustraire aujourd’hui... et demain... et...
Personne n’est devant, personne derrière non plus. Il y a en moi une immense satisfaction, et le sentiment d’être maître du monde. Tout ce qui se déroule sous mes roues, comme ce moment, est à moi et rien qu’à moi, ne serait-ce qu’un instant. 

Le chemin qui mène à la cabane est un peu cabossé, mes phares dandinent et balaient la végétation de manière désordonnée. J’y suis...
La nature est encore endormie. Quel silence, pas un souffle d’air.
Les pigeons qui se chipotent dans la partie de la cabane qui leur est réservée me rappellent que je ne suis pas seul. Je pousse la porte de ce qui va être mon royaume pendant un mois et demi. Ça sent à la fois le bois scié et l’humidité, ça sent bon...

« Bonjour les filles, comment ça va ce matin ? » Mes seuls compagnons de chasse sont là, en rang d’oignon sur leurs barres. Certaines, casquées, étirent le cou, surprises par cette intrusion matinale. D’autres, au contraire, restent immobiles, la tête dans leur cou. Mais les plus lucides tirent un peu sur leurs entraves. Pourquoi ce qualificatif de « filles ». Je ne sais pas vraiment. Serait-ce une réaction à une forme de machisme latent ?

Il ne fait pas très froid, mais allumer le poêle s’impose à moi comme un rite… j’aime l’odeur bien particulière de la pigne de pin qui brûle. Au petit matin, le jambon grillé, c’est sacré !

Vient très vite le moment tant attendu de la montée des appeaux. La nature et le soleil se réveillent peu à peu, laissant apparaître les silhouettes des géants de la forêt. Ceux qui vont bientôt accueillir les belles d’octobre. Les poulies grincent, la musique des fils de fer est discrète, les mécaniques claquent légèrement au contact des dormants. Toute ces installations chantent à leur manière, c’est une douce cacophonie dans cette plénitude qui fait tellement partie du moment présent.

J’installe l’espion... je me fais un café... j’ouvre le garde. J’y suis... Pour un paloumayre, s’ouvre alors le plus beau panorama du monde.... L’odeur du café s’est maintenant mêlée à celle du bois qui fume dans la cheminée. Il fait trop chaud, mais qu’importe. Le soleil qui apparaît entre les deux chênes joue avec mon visage. Un rouge-gorge vient me saluer…l’espion en profite pour aiguiser ses sens. 
Je pense à Pierre Verdet...

Cette douce rêverie me ferait presque oublier notre magazine… Comme à l’habitude, vous y découvrirez une palette de sujets intéressants. A l’instant, je ne peux rien vous dire… je pense Palombe. Soyez prêts : elles arrivent... 
Bonne saison à vous tous. Adichats !

Joël Barberin, Directeur de la publication

- Passage -
Un train d’oiseaux bleus attendu

Quel sera le passage cette saison ? Sera-t-il aussi généreux que celui de 2022 et sa migration exceptionnelle ? Les vagues de canicule en France et en Europe se sont succédé et ont donné une très bonne reproduction qui pourrait entraîner une nouvelle déferlante bleue

©  Photo B. Danjoin
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En cette troisième semaine du mois d’août, les trois quarts des départements de l’Hexagone sont placés en vigilance jaune ou orange canicule. Les températures atteignent le plus souvent 35 degrés, voire flirtent avec les 40°c par endroits dans la vallée du Rhône ou dans le Roussillon. Les sols sont secs et on manque d’eau. 
Un constat alarmant qui se répète d’une année sur l’autre. Le réchauffement climatique n’est pas une vue de l’esprit, il est bien là et frappe tous les continents ! (lire par ailleurs)
La nature souffre et la prise de conscience est générale au sein de la population. 
Les chasseurs les premiers ont tiré la sonnette d’alarme et nous, paloumayres, savons à quel point l’effort devra être collectif pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre et assurer l’avenir de la planète.

Alors, au moment où à la fin août, la forêt prend des couleurs d’automne avec des fougères cramées par le soleil, difficile de prévoir la prochaine migration de notre bel oiseau bleu. 
Chacun sait que deux facteurs conditionnent celle-ci : la météo et le garde-manger tout au long du voyage de la palombe entre le centre et l’ouest de l’Europe et la Péninsule ibérique.

L’histoire se répète et, cet été encore, l’Allemagne et la Pologne ont subi des périodes de forte chaleur qui ont amoindri les récoltes céréalières. Conséquence : les palombes n’auront probablement pas de quoi satisfaire leur gourmandise dans ces pays et pourraient sauter des étapes pour arriver plus vite dans l’est de la France et trouver leur bol alimentaire.

Du jamais vu !

Dans le Sud-Ouest, chacun dans sa cabane se met donc à rêver d’une saison aussi exceptionnelle que 2022. Avec plus de 3 millions de palombes recensées sur les cols pyrénéens, l’année fut historique. Du jamais vu chez les chasseurs pratiquant au fusil ou bien au filet. L’automne dernier, le spectacle fut merveilleux  pour chacun d’entre nous. Le train et ses wagons bleus dégueulant de ramiers ont donné le tournis à plus d’un passionné.

« Ce fut la saison de tous les records », confirme [...]

 - Initiative -
« Opération baguage »

©  Photo J- Combot
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Quoi de plus écologique dans l’univers de la chasse que celui d’attraper un oiseau vivant et de pouvoir le relâcher ? Et si nous nous rendions un brin utiles à l’heure où nos modes de chasse sont constamment attaqués devant le Conseil d’État.

Petit, j’étais déjà un fin limier pour attraper les oiseaux du jardin. Des week-ends entiers à guetter la mésange qui voudra bien se laisser attraper sous mon piège. Il était fait d’un cageot de bois habillé d’un fin grillage pour ne laisser aucune chance ou presque aux intelligents oiseaux tant convoités. Il ne manquait plus qu’une ficelle de chanvre tendue jusqu’à la cabane. Puis il fallait attendre, longtemps, le regard sur ce chêne majestueux, puis sur ce rouge-gorge qui me fixait aussi. Rien pour me déranger, pas de téléphone, pas d’internet, seul le cri du « à table » de ma mère pouvait me décrocher de cette activité ludique. J’en ai tenu des oiseaux, pour les relâcher fièrement. 


Le décor de ma chasse

Aujourd’hui, je chasse avec François sur la commune de Callen dans les Landes, dans une bande de jeunes pins d’une quarantaine d’années. Le bois mesure environ 300 mètres de long sur une largeur de presque 60 mètres. Celui-ci est bordé de très jeunes semis de pins avant de laisser dérouler devant nous les quelques milliers d’hectares de maïs, le grand et vaste garde-manger de mes belles bleues. Si le climat y est propice et la nourriture en quantité suffisante, elles y resteront tout l’hiver. Être là, c’est un grand retour en enfance, avec bien entendu des moyens techniques plus adaptés. 
Mais là, il n’est plus question d’attraper les pinsons. Ici, le fusil est formellement interdit par « arrêté préfectoral  Françoilien ». Seul le bécassier de passage levant un Pairon peut éventuellement casser cet intense calme. Pouvoir écouter ce relatif silence des heures entières est un luxe, seule une volée de rouquettes peut  [...]

About

- Dossier technique -
Les différents systèmes de fermeture des filets

Au fil du temps, les systèmes de fermeture des filets utilisés pour la capture des palombes ont évolué, se sont diversifiés

La chasse à la palombe en palombière est, sans nul doute, celle qui grâce à l’ingéniosité des chasseurs n’a jamais cessé d’évoluer. 
Il faut dire que le paloumayre se frotte à un adversaire redoutable, la palombe, qui a su évoluer aussi vite, voire plus vite que lui et ses techniques. Ce challenge permanent entre l’oiseau et le chasseur est un élément essentiel de toute la passion que génère cette chasse, et s’inscrit dans la culture locale. Culture qui est un savant mélange de tradition pure et d’innovations permanentes, les deux n’ayant qu’un seul et même but : leurrer l’oiseau.

Des inventions et des hommes

De quoi parle-t’on au bistrot du coin, le soir, au mois d’octobre lorsque l’on rentre de la palombière ? Des vols vus dans la journée, des poses plus ou moins réussies, mais aussi du dernier truc qu’a imaginé untel et qui d’après certains ne marchera jamais, alors que d’autres vont peut-être essayer de l’installer l’année suivante dans leur palombière. C’est ainsi que des trucs qui semblaient sortir de l’imagination de vrais hurluberlus sont devenus aujourd’hui des incontournables dont la majorité ne saurait se passer. Qui a inventé le premier pigeon sur fil ou semi- volant ? Personne ne saurait le dire et pourtant, je suis sûr que le pauvre innovateur a dû faire face à de nombreuses critiques. Ça ne marchera jamais ! Il faut trop de matériel ! Et si le pigeon se pend ? etc. etc.
Qui a pensé à mettre des palombes libres dans des volières, près du sol, pour faire approcher les autres. Ayant été dans les premiers à installer cela, je peux vous assure  [...]

©  Photo J. Barberin 
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- Technique -
Le pigeon sur fil à rouleaux

Bien sûr, tous les paloumayres connaissent le système du pigeon sur fil. A balancier, à basculement ou à tiroir, plusieurs techniques sont sorties du béret des chasseurs les plus ingénieux et bricoleurs avec plus ou moins de succès. Mais voici un nouveau venu, le va et vient à rouleaux.

Jean-Luc Larrouy a 64 ans et il chasse depuis l’âge de 14 ans, il a commencé avec son père. A l’âge de 28 ans, alors qu’il était très dynamique et sportif, il développe une sclérose en plaques. « Du jour au lendemain, j’ai commencé à ressentir des picotements aux jambes, direction Toulouse pour faire des examens, et le verdict tombe, en moins d’une semaine, j’étais totalement paralysé. » 
Il aura fallu plus d’un an et une force de caractère incroyable pour un tant soit peu dompter la maladie. Petit à petit, il recommence à conduire et il dépanne de temps en temps un ami ambulancier pour transporter des malades. « Ce moment de ma vie a été déterminant dans mon combat contre la maladie, les personnes que je transportais étaient très malades, parfois en fin de vie, je me suis rendu compte de la chance que j’avais d’avoir une maladie très handicapante certes mais pas insurmontable. »

 
Le va et vient à rouleaux
Notre paloumayre ne manque pas d’ingéniosité et avec sa formation de mécanicien automobile, on peut dire qu’il a un bon bagage pour réaliser ce qui lui passe par la tête. Les va et vient qu’il avait ne lui convenaient pas : « J’avais des systèmes à levier, ceux avec la barre en travers, comme ça se fait le plus couramment. Mais ça ne me plaisait pas, parce que quand l’hiver arrive et que les arbres ont perdu la feuille, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. De plus, ce n’est pas très silencieux et le pigeon se pose toujours dos à l’autre perchoir. J’ai donc eu l’idée de faire des perchoirs rotatifs [...]

©  Photo J. Barberin
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Contact

contact

TEL: 06-72-62-58-17 / contact@palombe-tradition.com
24 rue de la forge 47700 CASTELJALOUX

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