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Palombe&tradition N°4

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SOMMAIRE

REPORTAGE - Les pantières d’Aydiuc
PALOMBE & RUGBY - Christian Darrouy
ESSAIS COMPARATIFS : Le fusil du paloumayre
PRATIQUE - Le gavage à la seringue
REPORTAGE - Radio palombe
HISTORIQUE: une réglementation vieille de plus de 200 ans
PRÉVISIONS DE PASSAGE 2004
TABLEAU DE BORD 2004
FICHE PRATIQUE - La raquette de Pierrot
DOSSIER - L’autoroute des palombes
HISTOIRE DE CHASSE : La tête dans le ciel, les pieds dans la fougère
SOCIÉTÉ - Les palombières ont de l’avenir
UN HOMME ET SA PALOMBIÈRE : Les volants de Jean-Claude
CHIEN - Osez un retriever
HISTOIRE DE CHASSE : Les pigeons, ces fidèles compagnons !

Edito

La chasse à la palombe,tradition ou culture ?

Aujourd'hui, parler de chasse prête, trop souvent à sourire avec une condescendance mal dissimulée, tant nos responsables ont fait de la chasse un objet de risée, voire de mépris, tellement ils ont poussé des meutes de chasseurs à se ridiculiser dans une multitude de manifestations, de gesticulations trop souvent incontrôlées, excessives et agressives.

La palombière, pour le non-initié est prétexte à faire ripaille sous couvert de l'euphémisme "convivialité". La presse adore ce côté festif plutôt "ricardien" et les chasseurs sans méfiance se prêtent à ce jeu des repas de chasse trop souvent illustrés par une table couverte de bouteilles vides. Mais, incontestablement, plus qu’une succession d'orgies, la palombière, c’est surtout le plaisir de travailler en équipe, de pique-niquer dans les bois et de vivre la nature dans la nature.

Chaque fois que la chasse est attaquée, la justification par la tradition s’impose, la tradition est un grand sac dans lequel on entasse tout ce qui peut justifier une pratique de chasse plus ou moins défendable : la chasse au sanglier est devenu traditionnelle en voiture, les tourterelles sont traditionnellement tirées au vol au mois de mai et certains parlent même de chasse traditionnelle à la palombe au vol avec appelants. Peut-être faudrait-il définir à partir de combien de temps une pratique devient traditionnelle. Encore que l’ancienneté n’est peut-être pas forcément le bon critère : la chasse à l’arc qui survit depuis l’aube de l’humanité, n’est pas considérée comme traditionnelle alors qu’elle est sûrement la chasse la plus moderne pratiquée à ce jour. Les traditions ont également leurs limites : tout ce que faisaient nos grands-parents n'est pas digne d'admiration sinon nous clouerions encore des chouettes vivantes sur la porte des granges.

La chasse "traditionnelle" à la palombe que nous pratiquons en palombière n'est pas la répétition ancestrale d'un usage conservateur et folklorique qui caractérise la tradition. Elle est l'aboutissement de plusieurs siècles d'observations, de connaissances ornithologiques et forestières, de recherches cynégétiques, d'inventions, d'expériences empiriques, de savoir-faire, d'histoire de la vie des sociétés, d'éthique, de création technologique, linguistique, littéraire et artistique auxquels chaque génération apporte son écot. Encore de nos jours, nous ajoutons chaque année une nouveauté à l'acquis précédent. La chasse avec appelants n'a pas pour seule caractéristique son ancienneté. Elle revêt des caractères humains et sociaux qui lui donnent le statut d'UNE VÉRITABLE CULTURE.

Cette richesse culturelle s'exprime essentiellement dans la tentative de séduction de l'oiseau par la manipulation des appelants vivants, dans ces quelques secondes qui font qu'un vol se pose ou ne se pose pas. Nous sommes tellement imprégnés de cette culture que le coup de fusil ou de filet nécessaire, certes, en devient secondaire et que le rapport investissement/prises reste dérisoire.

Le paloumayre n’a pas conscience de la richesse culturelle que représente la chasse traditionnelle à la palombe, il la vit naturellement comme un héritage transmis de génération en génération. Aujourd’hui cet héritage est en danger, on en dépossède les héritiers pour le disperser à tous vents, faisons en sorte qu’il ne soit pas soldé, bradé ou dilapidé !

Philippe Ducos, rédacteur en chef

Migration :

L'autoroute des palombes

Elles arrivent. Descendant d'Europe centrale et de Scandinavie, elles font route vers la France et la péninsule ibérique où elles vont  hiverner. Quels couloirs migratoires empruntent-elles? Ceux-ci se sont-ils modifiés au cours des dernières années? Essayons de percer les mystères de la migration.

Elles descendent, elles arrivent. Bientôt elles vont survoler nos forêts et franchir les cols pyrénénens leur permettant d'accèder à leurs zones d'hivernage dans la péninsule ibérique. Chaque mois d'octobre ramène les palombes de nos rêves mais force est de constater qu'en quelques dizaines d'années les habitudes migratoires des oiseaux bleus se sont assez nettement modifiées. Dans le temps en premier lieu, puisque les gros passages sont plus tardifs qu'autrefois mais aussi géographiquement, puisque certains couloirs sont quasiment taris pendant que d'autres sont toujours aussi productifs.

Il est évident que si l'on reporte la carte contemporaine des migrations sur celle réalisée par Barriety en 1972 à partir d'un programme de baguages, le travail de ce pionnier incontesté en la matière et qui fit longtemps référence, n'est plus tout  à fait d'actualité. De la même façon, on a quelques surprises si l'on reprend les résultats des premiers travaux réalisés par la Fédération Départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques sur le site d'Iraty entre 1980 et 1990. 
On s'aperçoit en effet qu'en faisant une moyenne des passages sur les cols de la Haute-Soule sur cette décade, 0,5 % des oiseaux passaient entre le 1 er et le 10 octobre, 26,5 % entre le 10 et le 15, 68% entre le 15 et le 31 et 5% après le 31. Le mois d'octobre était donc bien le mois des palombes et Iraty était encore l'Eldorado des tireurs au vol, alors qu'aujourd'hui les plus gros rushes de la migration se déroulent le plus souvent début novembre et que les cols de la Haute Soule sont devenus les plus mal servis de toute la chaîne pyrénéenne.

Pour ce qui est du retard pris par les oiseaux sur leur programme d'antan, plusieurs facteurs peuvent être considèrés. En premier lieu, le réchauffement climatique qui donne des automnes beaucoup plus doux et n'incite pas les oiseaux à se presser, comme cela était le cas autrefois avec des petites gelées faisant comprendre que les mauvais jours approchaient [...]

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Essais comparatifs :

Le Fusil du Paloumayre

En palombière, le fusil doit permettre de tirer dans la cabane ou les tunnels en toute sécurité.

Comme tout chasseur spécialisé, le paloumayre a des exigences bien particulières pour son matériel, le fusil en faisant bien sûr partie. Que demande à son fusil un paloumayre
aguerri ? Qu’il soit pratique, sécurisant et efficace. En palombière un fusil pratique doit permettre de tirer dans les tunnels par un petit trou fait dans la brande ou la fougère, il doit permettre aussi de changer de cartouche facilement et sans bruit, car tirant à des distances souvent différentes, on n’utilise pas toujours la même munition.

Pour ces raisons et d’autres que l’on verra plus loin, les fusils à un coup et plus particulièrement l’incontournable SIMPLEX de St. Etienne, que presque toute famille de paloumayre possède et se passe de grand-père en petit-fils, se sont fait leur place dans le monde de la chasse à la palombe. Les fusils juxtaposés les suivent de près, souvent préférés aux superposés considérés moins pratiques pour passer au travers des tunnels avec souvent des problèmes de visée lorsqu’une brindille vient tomber au mauvais moment sur la bande ventilée. Les semi-automatiques sont les mal aimés car s’ils ont souvent d’excellents canons, ils sont très bruyants et pas pratiques pour le changement de munition, et l’éjection latérale de la douille est peu agréable lorsque l’on tire à plusieurs côte à côte. Pour la sécurité, il n’y a pas photo : les semi-automatiques sont les moins sécurisants avec des manipulations de culasse dans un endroit confiné comme une palombière. Les fusils basculants à un canon ou à deux canons permettent des manipulations plus catholiques, des chargements au dernier moment, voire des armements après avoir déjà passé le canon, juste avant le commandement de tir, pour les fusils équipés de chiens extérieurs [...]

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Pratique :

Le gavage à la seringue

Le gavage à la seringue constitue une évolution importante dans la chasse à la palombe, même si les puristes dirons que ce n’est plus de la chasse traditionnelle et que celui qui ne gave pas à la bouche n’est pas un vrai paloumayre. Mais il en est de même pour toute les évolution de cette chasse, ce qui prouve, s’il en était besoin qu’elle est encore bien vivante.

Mais chasse traditionnelle ne veut pas dire chasse passéiste et figée, sinon nous monterions toujours tous les jours aux arbres pour installer nos appeaux et nous crèverions toujours les yeux de nos appelants.

Contraints d’élever des petites palombes nées en captivité pour se procurer des appelants, (la chasse au filet étant interdite dans les Pyrénées-Atlantiques en dehors des pantières), les chasseurs béarnais utilisent la seringue depuis plus d’une vingtaine d’années pour nourrir les ramereaux sortis du nid. D'abord avec les seringues de pâtissier puis avec les pompes de gavage commercialisées à cet effet. Puis l’idée de continuer à nourrir ainsi les adultes en période de chasse a fait son chemin. Depuis, les industriels ont pris le relais et proposent des farines spéciales, parfaitement équilibrées et le matériel spécifique au gavage : les pompes et les canules souples [...]

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