Palombe&tradition N°83
Numéro d'Eté
2024
SOMMAIRE
4 L’ECHO DES CABANES…
12 CHASSES TRADITIONNELLES -
12 - Le combat sur l’alouette perdu, la menace pèse sur la palombe
14 - La région cynégétique se mobilise
18 DOSSIER TECHNIQUE - Grimper aux arbres comme un pro!
26 PAROLES DE PALOUMAYRES - Claude Lagarde, un vrai passionné
28 INTERVIEW - Josette, la palombe globe-trotteuse
32 Calendrier des fêtes de la Palombe 2024
34 HISTOIRE - Il n’y a pas si longtemps dans les Landes
36 L'INEPTIE DU TRIMESTRE - Les erreurs ne sont pas toujours chez les autres
39 Palomb’en bd
40 TECHNOLOGIE - Drone, une autre vision de la palombière
42 AUPRES DE NOS ARBRES - Le nématode du pin, une vraie menace
44 AUTOUR D'ELLES... - Notre forêt est en souffrance
48 ANECDOTE - Celle qui m’effraie !
50 CHIENS - Le nez du chien s’éduque aussi !
52 « LA TÊTE DANS LE CIEL... » - Les palombes de Haute-Soule
54 ITALIE - Les nouveaux nés du pigeonnier et leur dressage
58 LES RECETTES DU PALOUMAYRE
Edito
En colère et pas résigné...
J
e ne décolère pas. En prononçant l’interdiction définitive de la
chasse traditionnelle des alouettes aux pantes
et matoles, le Conseil d’État a encore une fois tranché en
faveur du non-sens.
C’est incompréhensible. La justice n’est-elle pas censée être JUSTE ? Notre passion est désormais plus que jamais sur la sellette. Chaque fois que nous perdons ainsi un pan de notre patrimoine, les « anti-tout », forts de leur victoire, attaquent un autre symbole de notre tradition ou de notre mode de vie.
Après nos filets, seront-ce nos appelants, à qui nous devrons rendre la liberté, notre chien, à qui nous n’avons pas demandé son avis pour aller à la chasse, nos poules qui sont exploitées et enfermées, notre potager car il ne respecte pas les normes sanitaires ?
Suis-je excessif ou trop alarmiste ? Je retiens un exemple parmi tant d’autres. Que penser de cette association, PETA, qui a importée vers les Pays-Bas l’idée de ses homologues d’outre Atlantique, d’interdire les chevaux ou tout autre animal sur les manèges. Selon ce pseudo organisme, leur utilisation par de jeunes enfants aboutirait à un message d’exploitation des animaux ! Ainsi, par les actions omniprésentes, incessantes et assommantes de ces corpuscules bien- pensants, nous sommes en train de perdre peu à peu, sans nous en rendre compte, toutes les facettes de ce qui constitue la culture, la beauté et l’identité d’une région, d’un département ou d’un village.
Que restera-il à Bazas, lorsque, pour la cause animale, sa fête des bœufs gras, rencontre millénaire, sera interdite ? Sera-t-elle remplacée par une exposition de « steacks » in vitro, sous cellophane achevée par un concours de la meilleure « viande ». Hélas, ces inepties arrivent vite : pour preuve le « poulet cellulaire » qui est autorisée à la vente aux États-Unis depuis presque un an... Bientôt, des études scientifiques démontreront qu’un champignon, une tomate ou une courgette crie et souffre quand on la coupe ou quand on la mange... Il est si difficile de partager les idées- et les repas ! - des végans !
Dans ce numéro, vous pourrez observer que le monde de la chasse ne se résigne pas. Douze fédérations s’unissent et se mobilisent pour mettre en place des actions, se faire entendre et obtenir gain de cause. La chasse a encore de beaux jours devant elle. De nouveaux grands salons voient le jour, comme « Terre de chasse », les 30, 31 août et 1er septembre au château Filhot près de Langon, en Gironde, auquel nous participons. N’hésitez pas à venir nous rencontrer. D’autres sont déjà planifiés, comme le salon « Passion Grand Sud » en avril 2025 à St Gaudens, en Haute-Garonne.
La forêt a beaucoup souffert des températures et des sécheresses successives. Daniel Testet présente un état des lieux, en observant les changements qui se sont opérés depuis plus de dix ans. Julien Combot, quant à lui, fait le point sur une nouvelle menace qui pèse sur nos pins, le nématode. Ce coléoptère a déjà très largement envahi et fait souffrir les forêts de conifères d’Espagne et du Portugal.
Depuis plusieurs mois, nombreux sont les paloumayres qui, déjà à pied d’œuvre, préparent l’accueil de notre reine d’octobre. Face à la pénurie de grimpeurs professionnels, de plus en plus de chasseurs décident de s’attaquer à ce travail délicat. Mais monter aux arbres sans risque ne s’improvise pas et rien ne vaut une bonne formation. A ce propos, Nicolas Buoro, nouvel arrivant dans l’équipe, détaille deux techniques de grimpe simples et sécurisées. Il a également voulu nous montrer l’utilité et la simplicité d’utilisation d’ un drone. Tout ceci pour peaufiner au mieux votre installation en prenant de la hauteur et pour mieux comprendre la vision de la palombe au-dessus de nos bois, quand elle est en migration.
Grâce à ses nombreuses années d’expérience avec les « volantini », Rinaldo Bucchi, nous apporte ses précieux conseils afin de réussir au mieux le dressage de vos pigeons volants.
Profitons-en ici pour remercier tous nos rédacteurs qui, par la variété des sujets abordés, font la richesse de cette revue…
Paloumayres, la chasse traditionnelle à la palombe, même si elle est en danger, n’est pas morte. Cette épée de Damoclès, qui est une constante menace au-dessus de nos têtes depuis plusieurs saisons, nous épuise. C’est normal… mais nous ne devons pas nous résigner à ranger dans la mémoire du passé cette passion qui nous anime tant. Il faut se battre, afin qu’un jour, nos enfants, nos petits enfants aient le bonheur de voir, de poser ces belles bleues. Qu’ils aient l’occasion de ressentir cette indescriptible poussée d’adrénaline et d’endorphine qui nous envahit quand elles commencent à jouer, quand elles passent à quelques centimètres de notre tête pour se laisser tenter par le piège qui leur est tendu, mais aussi quand elles ne se font pas leurrer et qu’on les laisse poursuivre leur voyage !
Joël Barberin, Directeur de la publication
- Chasses Traditionnelles -
Le combat sur l’alouette perdu,
la menace pèse sur la palombe
Le Conseil d’État a fait droit aux demandes de l’association One Voice et de la Ligue de protection des oiseaux en prononçant l’interdiction définitive de la chasse traditionnelle des alouettes aux pantes et matoles. La révolte gronde chez les chasseurs.
© Photo J-M. Desplos
Le lundi 6 mai 2024 fera date dans le calendrier cynégétique des quatre départements concernés par la chasse traditionnelle de l’alouette des champs : Gironde, Landes, Lot-et-Garonne et Pyrénées-Atlantiques. C’est en effet ce jour-là que le Conseil d’État a décidé de mettre un terme définitif à la pratique des pantes et matoles.
Les magistrats de la plus haute juridiction administrative ont annulé les arrêtés du ministre de la Transition écologique et de la cohésion des territoires du 4 octobre 2022 autorisant cette pratique.
Sans véritable surprise, le Conseil d’État a suivi les conclusions du rapporteur public émises lors de l’audience du 4 avril. Et ce d’autant que, comme le regrette la Fédération nationale des chasseurs (FNC) dans un communiqué, « lors de l’audience n’a été étudié que l’argumentaire des associations anti-chasse ». Rappelons que la FNC n’est pas autorisée par le Conseil d’État à être « partie en défense » lorsque ces associations attaquent l’exercice de la chasse. « Notre avocat est systématiquement ignoré ce qui nous met dans une situation totalement inégalitaire », regrette la Fédération nationale. « Et ce d’autant plus que la direction juridique du ministère de la Transition écologique, qui devait logiquement défendre les arrêtés [...]
- Dossier Technique -
Grimper aux arbres comme un pro!
© Photo N. Buoro
Chaque année, il devient de plus en plus difficile de trouver un grimpeur élagueur spécialisé et compétent pour les travaux en palombière. Les professionnels dans ce domaine se font rares, ont souvent un calendrier surchargé et parfois le travail réalisé ne correspond pas totalement à ce que vous vouliez. Face à cette pénurie, certains d’entre vous vont peut-être être tentés de faire ces travaux en hauteur eux-même. C’est pourquoi nous avons pensé qu’il serait bon de vous mettre un peu le pied à l’étrier avec deux techniques de grimpe tout à fait adaptées aux novices et ce en toute sécurité.
Dans la définition du Paloumayre, il y a chasseur de palombes bien évidemment mais il y a aussi élagueur grimpeur ! Nos chers appeaux, positionnés en général dans les houppiers, n’arrivent pas par la simple sollicitation du Saint Esprit et il faut grimper au sommet des arbres afin d’installer les potences, les entretenir et tailler en périphérie.
À ces opérations, se rajoute pour les chasseurs dont la cabane est au -dessus des arbres, l’entretien permanent de la végétation afin de préserver la vue sur l’horizon et cela se répète chaque saison, il y a toujours du travail à effectuer en hauteur, et qui dit travail en hauteur dit danger !
Tous les ans, des paloumayres chutent en élaguant ou en travaillant autour de leur palombière à cause d’un manque de rigueur concernant leur sécurité. On connaît tous les suites dramatiques de tels accidents.
L’excès de confiance peut avoir des conséquences désastreuses et il ne faut jamais faire l’impasse sur la sécurité.
De nos jours, nous avons recours à plusieurs méthodes pour l’entretien de nos arbres. Soit il faut faire appel à un professionnel, qui, équipé, habitué et de confiance, saura vous satisfaire, soit, si le terrain le permet, vous pouvez effectuer vous-même ces travaux à l’aide d’une nacelle, ou le plus fréquemment, vous avez un grimpeur qui s’occupe de faire le job au sein de l’équipe.
Très souvent, ce dernier monte sans avoir reçu la moindre formation et à l’aide d’un matériel qui, très souvent, est inapproprié.
Les techniques que nous allons vous présenter permettent d’être en sécurité du début à la fin de l’intervention, d’être assuré en permanence, de pouvoir descendre en rappel à tout moment en cas d’urgence. Elles permettent également aux secours de rejoindre le grimpeur en haut de l’arbre via une corde d’accès, si soucis il y a…
Ces méthodes sécuritaires sont employées tous les jours par les arboristes grimpeurs professionnels. Elles consistent à se hisser du pied de l’arbre (sans grimpettes ou autres griffes) jusqu’en haut, le long d’une corde préalablement ancrée dans une fourche choisie la plus haute et la plus solide dans le houppier.
Elles sont en premier lieu respectueuses de l’arbre puisque elles ne provoquent aucune blessure sur l’écorce du fait de la non utilisation de griffes d’ascension… Cela évite donc tout risque d’intrusion d’insectes xylophages ou de [...]
- Italie -
Le dressage des nouveaux nés du pigeonnier
La chasse traditionnelle à la palombe avec appelants vivants se caractérise par des rituels saisonniers. Il existe de nombreux événements incontournables qui marquent le calendrier particulièrement bien imprimé dans nos esprits : ces jours-ci, beaucoup de temps est dédié d’abord à l’élevage puis à la formation des pigeons qui deviendront, du moins nous l’espérons, les futurs protagonistes de la chasse
Cette année ne déroge pas à la règle et ainsi, en plus du travail important d’améliorations que j’effectue avec mon ami chasseur en montagne sur notre poste, je me retrouve également occupé à entraîner de nouveaux pigeons, ceux nés il y a à peine plus d’un mois.
Je vais vous raconter comment je procède chaque année pour renouveler ce rituel pendant lequel je suis particulièrement proche des pigeons afin de sélectionner-identifier les qualités et défauts des différents sujets que j’ai à ma disposition.
Le pigeonnier
Je ne laisse habituellement qu’un seul œuf aux parents qui couvent. Cette première étape est, à mon avis, préparatoire à l’obtention de pigeons plus forts et mieux nourris. Entre les deux œufs pondus, je choisis normalement celui qui a des formes plus pointues et allongées, qui contient généralement un sujet mâle, car les œufs aux formes plus arrondies produisent habituellement des femelles.
Pourquoi ce premier choix ? Tout simplement parce que je préfère avoir des sujets masculins à entraîner comme volantini (pigeons volants). Bien sûr, il m’est également arrivé de chasser avec des pigeonnes, mais le vol du mâle est beaucoup plus ample, caractérisé par des battements d’ailes puissants qui s’apparentent davantage à ceux d’une palombe. Les pigeons femelles, de par leur conformité et leur taille physique, ont un battement d’ailes plus proche de celui des tourterelles... plus rapide et moins puissant.
Bien entendu, ces choix sont dictés par de nombreuses expériences, notamment par le fait d’avoir chassé avec certains prodiges colombophiles que je regrette encore profondément. Les deux derniers sujets extraordinaires que j’ai utilisés [...]
© Photo J. Barberin
- Technologie -
Drone, une autre vision de la palombière
Dans le numéro 77 de Palombe&tradition, nous vous parlions de la modélisation 3D de votre palombière à l’aide d’un drone par une société spécialisée, afin d’avoir une vue précise de votre poste. Les drones se sont aujourd’hui démocratisés, vous pouvez désormais trouver des modèles tout à fait honorables à partir d’une centaine d’euros et ainsi faire l’analyse de votre poste vous-même.
Survoler notre palombière histoire de se mettre, l’espace d’un instant, à la place de l’oiseau bleu. Comment perçoit-il les appeaux ? Le camouflage de l’installation est-il suffisant ? Ces questions, nous nous les posons tous ! Afin d’y répondre, pas besoin d’embarquer à bord d’un quelconque engin volant, il existe un petit appareil « high-tech » très ludique à utiliser depuis le sol, il s’agit du drone.
La réglementation
Il est désormais possible à tout un chacun de piloter un drone, cependant il y a quelques règles à connaître et à respecter. Les sanctions en cas « d’infractions », peuvent être très lourdes et il vaut mieux être au courant de la réglementation avant de faire décoller son petit aéronef.
Très succinctement, nous allons voir ici les principales règles (vous trouverez en flashant le QR code en fin d’article, des explications plus complètes et précises en référence à ce sujet.)
Il existe en Europe trois catégories de vol, la catégorie ouverte, la catégorie spécifique et la catégorie certifiée. Celle qui nous intéresse en tant que « pilote Paloumayre » est la catégorie ouverte.
Cette dernière étant réservée au drone dit de loisir, permet à l’utilisateur de survoler à moins de 120 mètres d’altitude des zones [...]